RÉFLEXION DU PRIX ET DE LA VALEUR
Gilles Robert ( BAFM)
Ou comment accorder de la valeur à ce dont le prix baisse
99 Euros pour un stage de deux jours permettant de récupérer 4 points sur son permis de conduire, soit moins de 25 Euros le point ou bien encore moins de 25 Euros la demi-journée.
Qui dit mieux ?
Surement encore « un autre » demain comme d’autres avant ce vendeur de points au kilo car dans la théorie du pire il y a toujours mieux.
Nous voilà donc revenu au temps béni des colonies, heu non çà c’est une vieille chanson ringarde de « variétoche » des années 70 mais plutôt à celui honnis de la vente des permis où la « stratégie commerciale » des boites à permis à toujours été de proposer un euro de moins que l’autre et ce, même lorsque il y avait largement à manger pour toutes et tous.
En fourchette haute les prix atteignent parfois encore « follement » aujourd’hui les 140 Euros.
Nous frôlons là l’indécence…
Les prix des stages PAP sont les seuls à avoir diminués de plus de 50% en 25 ans !
C’est un « crack » sans précédent, qui à sa hauteur, est digne de la crise de 29 aux US.
Ce sont « les points (poings ?) de la colère en SR » ou bien encore « on achève bien les « taros » des stages.
Pitoyable et annoncé depuis plusieurs années tant le nombre croissant d’animateurs a été (et reste) proportionnel à la facilité à intégrer le dispositif (niveau d’obtention du BAFM où après avoir compté ceux qui réussissaient l’examen il y quelques années on compte aujourd’hui celui de ceux qui le ratent, et absence de sélection aux promotions INSERR dont le nombre est inadapté à l’employabilité).
La stupidité de la situation génère d’ailleurs même la situation ubuesque qui est celle d’obtenir des BAFM animateurs de stage n’ayant jamais appris à conduire à qui que ce soit et/ou n’ayant jamais formé quelque moniteur que ce soit et ce, sans que cela n’étonne âme qui vive.
Quid de la valeur donc dés lors que le quantitatif prévaut sur le qualitatif et donc quid du prix devant logiquement correspondre à cette valeur.
Oser le dire comme je le fais ostensiblement peut passer pour certains (les « meilleurs » ?) comme de l’arrogance, de la prétention, de la provocation ou bien encore de l’amertume.
99 euros grâce à toutes et tous où la responsabilité de chacun se dilue comme trop souvent dans celle des autres.
99 euros, soit le prix d’une seule basquet Nike (dont la paire dépasse les 200 Euros), ou bien celui d’un seul écouteur « Air Pod ».
99 euros, c’est aussi moins que le prix d’un plein de carburant du véhicule de bon nombre des stagiaires multi-récidivistes (grande) vitesse.
99 Euros c’est nettement moins que le montant d’une amende forfaitaire et même pas le 1/8me du prix du dernier IPhone 11 pour l’utilisation duquel nos stagiaires viennent acheter des points via « group d’cons ».
C’est bien connu ; « plus il y a de fous (animateurs et stages proposés), moins il y a de riz (rémunération et prix des stages).
Aussi, force est de constater qu’en la matière le prix correspond bien aujourd’hui à la valeur avec la fâcheuse tendance mathématique à tendre (de plus en plus vite) vers zéro.
N’en déplaise à qui que ce soit mais, quelle que soit votre ancienneté dans l’activité, cherchez une fonction où plus on « avance » et « plus on en fait » moins on gagne.
Cherchez une activité où pour pouvoir continuer à travailler « il faut payer de plus en plus cher » (des « formations ») pour gagner de moins en moins en ayant de plus en plus de responsabilités et de fonctions.
Cherchez une activité où il faut faire le travail des autres (aspects administratifs) pour lequel il faut (encore) se former (en payant encore toujours plus cher) et ce, avec l’intégralité et l’exclusivité des responsabilités juridiques en cas d’erreur vis à vis des stagiaires et ce, en étant toujours et encore moins bien rémunérés.
En d’autres termes, votre situation statutaire, pratique et économique a t’elle favorablement ou défavorablement évoluée depuis vos débuts ?
Est’ elle proportionnelle à votre expérience, vos qualifications ou vos compétences ?
La réponse fait peur.
Quid de votre niveau de rémunération et de vos indemnisations (mes quoi ?).
Les Charlots chantaient il y a quelques années Merci patrons…merci patrons !
Aujourd’hui c’est plutôt chacun pour soi et pole emploi pour tous !
A l’origine, les textes règlementaires avaient été subtilement élaborés par des responsables de la DSCR connaissant à la fois très bien le métier, la profession et sa tendance tarifaire au « toujours moins toujours plus vite ».
C’est à ce titre que leur rédaction initiale laissait à penser et à croire au lecteur à la valeur règlementaire et au caractère « plancher » de l’indication tarifaire des stages mentionnée.
Cela a longtemps permis de se protéger des « vendeurs de points » et autres « déspérados de l’animation ».
Malheureusement l’ère des « derniers arrivés » qui savent tout et mieux que leurs prédécesseurs est arrivée au prétexte gazeux d’une nécessaire évolution pédagogique des stages 1ere G taxés de « former » ou simplement « informer » plutôt que de « sensibiliser » ( ?!).
Quelle prétention et quel mépris en la matière avec le recul et le constat actuel de terrain des stages 2G.
C’est dans cette dynamique qu’au mépris de la finesse et des motivations des premiers, de nouveaux textes (car il paraît que c’est toujours mieux quand c’est nouveau) sont apparus faisant bien sur fi des protections initiales (et ne parlons pas de l’efficience du caractère pédagogique de la nouvelle génération de stage…).
C’est à ces « joyeux » initiateurs et « irresponsables» rédacteurs des textes actuels que nous devons (même si certains ne sont plus là et/ou s’en lavent « dignement » les mains) les conséquences, pourtant annoncées, de la situation actuelle et ce, tant au niveau des animateurs (nombre, statut, traitement), des stagiaires (banalisation des stages par leur fréquence annuelle et la possibilité de revenir à 12 points) que des prix et des contenus pédagogiques et de l’efficacité des stages.
Nous pourrions croire que la leçon ait été retenue.
Que neni.
En effet, ne voilà t’il pas que l’on nous annonce très sérieusement des stages de trois jours à l’attention de celles et ceux pour lesquels plusieurs stages de deux jours n’ont eu absolument aucun effet.
« Stratosphérique mais vrai » ou le retour « gagnant » de la théorie de l’emplâtre sur une jambe de bois !
Non mais Allo quoi !
Finalement, dans cette dynamique à la fois « lunaire » et destructrice, il est possible de considérer que le prix ne corresponde donc pas ou plus (jamais ?) à la valeur.
Sous quelques approche ou considération que ce soit, au constat actuel, tout porte à croire qu’ à 99 Euros le prix du stage soit malheureusement encore beaucoup trop élevé !
Le cercle des BAFM disparus