Les générations de stages…

Alain Sabathié.

Voici quelques unes de mes réflexions personnelles sur ce qu’on appelle les  « générations » de stages. La formation INSERR des animateurs est…. très courte, trop courte évidemment pour faire d’eux de véritables experts en SR ou de véritables professionnels de l’éducation routière. Par ailleurs, cette formation fixe des exigences minimales mais pas un plafond.

Rien n’empêche de viser plus haut. Un Bac+5 créatif devrait considérer la formation INSERR non comme un aboutissement, mais comme un repère, un point de départ pour une recherche personnelle de niveau universitaire qui permette de s’adapter aux exigences du public et de l’époque. On n’est plus en 1992 ni en 2002. Le contexte culturel, économique, sociologique, environnemental dans lequel évoluent les conducteurs a changé. A mon sens, il faudrait en tenir compte, sans attendre que l’INSERR nous mâche la besogne et donne son feu vert. L’INSERR c’est un gros machin trop peu réactif, forcément déconnecté de la réalité, qui rate sa cible après avoir tiré avec un temps de retard, voire deux…

La G1, en gros, c’est de la propagande SR de bas de gamme, celle qu’on faisait en auto-école dans les années 80. Comment ça fonctionne ? La plupart du temps, les animateurs G1 récitent la leçon : « 17 000 tués en 1972, la Porsche de Pompidou, on se tue en ligne droite, les distances de freinage, la force centrifuge, bla-bla-bla…  » Quand ils s’entendent bien, les animateurs entonnent le refrain façon Stone & Charden, le psy se prenant pour un BAFM et vice-versa, l’un commençant une phrase, l’autre se chargeant de la conclusion ou d’illustrer le propos avec l’anecdote qui tue ( « le frigo sur l’autoroute », du vécu, paraît-il…). Ce mode de fonctionnement, c’est ce qu’ils appellent une coanimation réussie. Au final, un travail de perroquet, facile, bien payé, parfaitement à la mesure des capacités d’un présentateur TV comme Nikos ou d’une secrétaire d’auto-école comme Ginette (celle qui fait du code sans avoir le permis), mais en tout cas indigne de véritables universitaires.

La G2, c’est une tentative louable de sortir de cette impasse. Hélas, la G2 repose sur un modèle dont on nous assure qu’il fonctionnerait (conditionnel) parfaitement ailleurs, mais dont on n’a pas fait la preuve qu’il pourrait se transposer et fonctionner en stage de SR. De plus, en G2, les contenus sont ignorés, or il ne saurait être question de transformer les stages permis à points en séances de thérapies de groupes, ni les BAFM en auxiliaires de supposés psychothérapeutes. Reste enfin le problème des 13 séquences initiales, infaisables en une journée de 8 heures, et encore moins quand la durée quotidienne officielle sera ramenée à 7 heures ! Encore un modèle inadapté et obsolète, encore une impasse, encore raté ! C’est pourquoi certains animateurs ont coupé le cordon ombilical avec Nevers et sont passés à la 3ème génération !

C’est quoi la G3 ? Pour les BAFM, le discours SR suranné pourrait laisser la place à une sensibilisation sur le gaspillage d’énergie lié à la vitesse, sur l’utilisation rationnelle et moderne de l’automobile et son rapport à l’environnement (qualité de l’air, de l’eau, qualité de vie des riverains…), etc. C’est un fait que la plupart des stagiaires n’ont pas connu et ne connaîtront jamais les affres de l’accident corporel, alors que n’importe quel conducteur influence son environnement dès qu’il tourne la clé de contact. Cet impact, c’est la consommation d’énergie toujours plus grande alors que les réserves s’épuisent, le bruit insupportable pour ceux qui habitent au bord des autoroutes, les émissions de CO2, de NO-NO2, ou de carbo, micro ou nanoparticules, etc. (pour plus de détails sur ces phénomènes, voir le site http://www.adilca.com n°1 en France pour les lois physiques de l’automobile). Bref, l’argument environnemental est bien plus moderne et bien plus convaincant que celui de la sécurité routière.

Pour les psys, la G3 pourrait consister à expliquer ce que sont les fondements du caractère, les humeurs, les frustrations et l’agressivité, le non-respect des rythmes biologiques immuables et les maladies psychosomatiques qui en découlent (ça serait pas plus bête que de  « faire l’alcool » comme ils disent, en réalité un mauvais cours de code sur les modalités des contrôles routiers d’alcoolémie et les sanctions qui vont avec !) et apporter des réponses aux questions que beaucoup de conducteurs se posent, au besoin en exploitant les fondements de la psychanalyse : pourquoi a-t-on envie d’investir des dizaines de milliers d’euros dans une belle voiture de luxe qui ne restera, malgré tout, qu’un simple moyen de transport ? Pourquoi aime-t-on autant la vitesse ? Pourquoi a-t-on instinctivement envie de faire la course avec le type de devant ? Pourquoi éprouve-t-on par moment le besoin de défendre son territoire et pourquoi devient-on aussi agressif au volant ? Pourquoi les hommes jeunes ont-ils parfois un rapport si difficile avec l’autorité et avec la règle ? Etc. Autant de questions auxquelles les stagiaires n’obtiennent que trop rarement des réponses…

Alain Sabathié (20-04-2012)

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